Les mots sont importants. Particulièrement dans les périodes de crise et de doute. C’est la conviction du journaliste en ligne Barry Malone, de la chaîne Al-Jazira, quand il lance son appel intitulé « Ne les appelez plus migrants », le 20 août, sur son blog. Ce jour-là, il demande aux médias de ne plus utiliser ce terme pour désigner les milliers de personnes qui fuient les frontières syriennes ou érythréennes, expliquant que le mot avait une connotation « dépréciative » et « péjorative ». En l’employant, les médias « participent à la création d’une ambiance délétère », écrit-il, ajoutant : « Parler de migrants, c’est refuser d’écouter la voix de ceux souffrent. » Le directeur des informations de la chaîne qatarie annonce le même jour qu’il remplacera le qualificatif par le mot « réfugié » (refugee).
Le texte a eu un écho inattendu dans les médias, notamment anglo-saxons, et sur les réseaux sociaux, ajoutant une dimension sémantique aux débats en cours sur la question migratoire. Lundi 24 août, la journaliste Lindsey Hilsum, spécialiste des questions internationales sur la chaîne britannique Channel 4, prend à son tour position et annonce qu’elle s’emploiera désormais à parler de « réfugiés » ou de « gens » (people). Dans la foulée, la BBC et le Washington Post s’emparent de la question. La page Facebook d’Al-Jazira reçoit en quelques jours plus de 50 000 encouragements.
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