Selon les juges du Conseil d’Etat, les risques de trouble à l’ordre public invoqués par la municipalité de Villeneuve-Loubet pour justifier son arrêté d’interdiction du port de vêtements religieux ne sont pas établis par les faits présentés. L’arrêté contesté a donc « porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Son exécution est, en conséquence, suspendue.
Quelles que soient les réactions d’une poignée de maires qui ont affirmé dans la soirée vouloir maintenir des arrêtés similaires dans leur municipalité, l’arrêt du Conseil d’Etat a valeur de jurisprudence et s’imposera aussi à eux. Cette décision fournit une occasion salutaire de mettre un terme à une polémique trop souvent exploitée avec des arrière-pensées électorales, et la classe politique ferait bien de s’en saisir. Suscitant incompréhension et stupéfaction à l’étranger, l’affaire du burkini a atteint le comble de l’absurdité avec des interventions de policiers en tenue intimant l’ordre à des femmes de se déshabiller, scènes dûment répercutées dans la presse mondiale et sur les réseaux sociaux, pour le plus grand bénéfice de ces mêmes extrémistes islamistes que les partisans de l’interdiction du burkini veulent combattre.
Le Conseil d’Etat a ainsi rappelé les principes qui fondent la laïcité. On peut désapprouver le port du burkini ou du voile, et être choqué par l’atteinte qu’il porte à la dignité des femmes. Mais l’interdiction n’est pas la solution magique. La liberté religieuse reste la règle, et la République s’honore à la faire respecter tant que l’ordre public n’est pas menacé.
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