Dilma Rousseff a été éloignée du pouvoir suite au vote des sénateurs dans la nuit du 11 au 12 mai. Elle vit désormais recluse dans la résidence présidentielle de Brasilia, pendant les 180 jours de son procès, menacée de perdre son mandat si elle est finalement jugée coupable de « crime de responsabilité » par le Sénat.
Remplacée par Michel Temer, son vice-président, la successeure de Luiz Inacio Lula da Silva est accusée d’acrobaties comptables ayant aidé à sa réélection en 2014. Ses « pédalages budgétaires », auraient camouflé la réalité des finances publiques brésiliennes et creusé dangereusement le déficit en 2015.
La légitimité du gouvernement remise en cause
L’homme, resté dans l’ombre de Dilma Rousseff pendant plus d’un mandat, multiplie les faux pas. Se sachant sous l’œil des marchés financiers, Michel Temer a réduit drastiquement le nombre de ministères (23 contre 30 sous le second mandat de Dilma Rousseff). Mais l’initiative d’abord saluée essuie les sarcasmes. « Isso é para o Ingles ver », une simple apparence, a commenté l’ancien président Fernando Henrique Cardoso (1995-2003 ; PSDB) remarquant que la réduction des ministères est en réalité le fruit d’un simple changement de statut.
Plus préoccupant, la présence au sein du nouveau gouvernement de sept ministres cités ou faisant l’objet d’une investigation judiciaire. Un choix qui laisse perplexe : l’opération « Lava-Jato », qui a mis au jour le scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras, a provoqué la colère de la rue jetant le discrédit sur l’ensemble de la classe politique. Au-delà de la question éthique, « Temer invite la crise politique en nommant des personnes citées dans Lava Jato. Un facteur susceptible de provoquer une grande instabilité dans son gouvernement », remarque Marco Antonio Carvalho Teixeira, politologue de la fondation Getulio Vargas, à Sao Paulo.